En préparant ce dossier spécial Nuits du Paradoxe Numériques, nous écoutions religieusement l’émission Connexions consacrée justement de l’installation du wifi dans cinq villes wallonne. André Blavier web manager de l’AWT expliquait aux auditeurs comment l’aménagement numérique du territoire de la région déterminera son attractivité. La connectivité doit s’envisager comme un enjeu primordial et les réseaux numériques doivent se comprendre comme les veines de l’économie de demain. Il nous racontait qu’il y avait un Master Plan ambitieux et volontaire pour faire de la Wallonie une région d’excellence numérique.
À l’Entonnoir on aurait plutôt tendance à être d’accord avec tout ça…
Enfin presque. Parce qu’on ne peut pas s’empêcher de penser que ce scénario, tout emballant qu’il soit, reste un peu trop prévisible. Tout ça manque un peu de suspense. Faudrait en faire une sorte de thriller un peu politique. Mais comment, nous direz-vous?
On pense sincèrement qu’il n’est pas encore trop tard pour ouvrir des laboratoires et y faire de la recherche fondamentale. Et que ce qu’on y trouvera ne débouchera pas forcément sur la création d’une ou de plusieurs Star Up – même si nous n’avons pas d’a priori négatif sur ce type d’entreprises, bien au contraire : on a pas mal d’amis qui sont en train d’essayer d’en fonder. Le truc, vous voyez, c’est qu’on irait un peu trop vite en besogne si on pensait savoir exactement où le passage à l’ère digitale pourrait mener l’économie wallonne. Ne fermons aucune porte, n’écartons aucun usage possible des outils de production – quitte à être innovant, soyons-le carrément : inventons aussi des formes économiques.
Alors, oui, les technologies numériques provoquent une sorte d’accélération et on ne va pas venir vous raconter que ce qu’il faudrait c’est ralentir – c’est vraiment pas notre genre. On voudrait tout simplement profiter de cette vitesse pour explorer des chemins de traverse. Parce que la reconversion de notre région, on n’arrive pas à l’imaginer comme autre chose qu’une aventure de mutants – et que ce genre de truc, on ne sait jamais sur quoi ça débouche (on a vu plein de films sur ce sujet). Et puis qu’en la matière, on n’arrive pas à penser autrement qu’en mélangeant tout les secteurs : culture, éducation permanente et économie – c’est notre côté décloisonné qu’on n’arrive pas à soigner. On aurait d’ailleurs aucun intérêt à la faire maintenant : ce genre d’état d’esprit peut se révéler très utile pour naviguer à vue – ce qu’il convient de faire dans les périodes où les anciennes cartes apparaissent comme fausses et les boussoles, comme déréglées.
On entre en territoire inconnu. Mais restons calme. Et Bidouillons. Construisons des balises, cartographions en avançant. On a quand-même un vague idée de l’horizon vers lequel on marche : l’imprimerie a appris aux gens à lire, internet devrait pouvoir leur apprendre à écrire.