Samedi 7 septembre 13h… ,,,
Ça s’active dans le Théâtre À La Place : un grand ménage est lancé collectivement, des dons de nourriture, de tables et chaises arrivent, une assemblée organisationnelle retient toutes les attentions : ici se décident les modes de fonctionnement, les horaires, les rapports à la vente d’alcool, les espaces fumeurs, la répartition des tâches… Ça se sent de suite : un vent d’autogestion a envahi le théâtre…

La veille, 17h30. Le bouche à oreille a bien fonctionné et une bonne soixantaine de personnes se regroupent sur une petite place d’Outremeuse. Ça papote par petit groupe, ça boit une canette, ça sourit, ça trépigne d’une impatience un peu nerveuse. La petite troupe se met en route et arrive devant le Théâtre de la Place, place de l’Yser, vidé depuis la veille et voué à la destruction. Quelques musiciens mettent l’ambiance pendant qu’une grande banderole « Théâtre À La Place » est déployée sur la façade et qu’une autre « occupation – autogestion – de la culture à nos maisons » affublée du signe squat apparaît devant la porte d’entrée. Confettis et paillettes tombent du toit et des flyers sont distribués expliquant à tous et toutes que leur présence sert à aider à officialiser l’occupation du lieu, créant un soutien lorsque la police viendra constater celle-ci.
L’objectif : « permettre à des propositions artistiques de se construire et de se jouer, à côté des contraintes dictées par le marché, la profession, la poursuite d’une carrière, l’exercice d’un métier. »
Au moment où la place Tivoli tremble sous les cris des supporter de foot éméchés et où Liège apprend, une fois de plus, qu’elle est éliminée de la grande farandole des « capitales de la culture », un groupe d’acteurs concrétise son projet d’occuper un théâtre abandonné dans l’objectif de « permettre à des propositions artistiques de se construire et de se jouer, à côté des contraintes dictées par le marché, la profession, la poursuite d’une carrière, l’exercice d’un métier. » Annoncé dès le départ comme un lieu temporaire, occupé avant sa destruction, le Théâtre À La Place veut servir à développer des démarches qui répondent à l’état du monde par l’organisation collective, favorisant les alternatives aux rapports marchands, le partage, la solidarité, « bref ce que nous considérons nécessaire à l’organisation des êtres humains entre eux ». La gratuité des représentations est d’ailleurs clairement annoncée. La culture, c’est par et pour tous et toutes !!
Lorsque l’ancienne directrice technique du théâtre arrive, toutes les entrées en étaient barricadées et elle n’a pu rentrer… La police est alors appelée, l’une ou l’autre voiture font le tour du bâtiment avant de constater l’occupation sans entrer en contact avec les occupants qui ne s’attendaient pas à cette situation qui les laissent dans le flou quand à la réaction des autorités. Heureusement, plus tard dans la soirée, un contact avec le bourgmestre, Willy Demeyer, les rassurera pour quelques jours puisqu’ils leur a annoncé par téléphone que rien ne serait entrepris contre leur initiative avant lundi, jour où des négociations débuteront, et cela dans la mesure où les occupants ont annoncé qu’ils ne s’opposeront pas à la destruction du bâtiment.
Le Théâtre À La Place semble donc avoir de beaux jours devant lui, avec celles et ceux qui, n’ayant pas peur des conditions précaires actuelles et étant attirés par les modes d’organisation assembléistes, voudront le faire vivre.
le Théâtre À La Place veut servir à développer des démarches qui répondent à l’état du monde par l’organisation collective
Sont déjà prévus dans le lieux : des bouffes populaires à prix libre les dimanches soirs, un espace de lecture, de projections de films, d’exposition, 3 salles de répétitions et de représentations. C’est semble-t-il le minimum, l’appel étant lancé : « tout le reste étant à inventer avec vous » !
Et si l’action d’occupation comme le début des activités ont pris du retard sur le planning prévu, cela n’est pas forcément qu’aux acteurs : le déménagement du théâtre a non seulement pris plus longtemps que prévu, mais en plus l’état dans lequel le bâtiment à été trouvé nécessite de l’énergie (les sanitaires ont par exemple été mis hors service, les canalisations ayant été retirées). Les horaires d’ouverture annoncés (de 13h à minuit) restent d’actualité, mais si vous passer les prochains jours ce sera pour mettre la main à la pâte ! D’ici mardi la programmation se construira petit à petit, avec les énergies présentes et toutes les propositions d’activités ! Ça va commencer ce samedi soir, lors de la première grande assemblée ouverte qui sera suivie d’une bouffe populaire et certainement d’un concert…
site internet : www.radicalcinema.org
pour proposer une représentation : 0493050120 / theatrealaplace@gmail.com
Récit par Greg Robert