L’invasion d’Arkbares venus du sud méditerranéen a plongé nos contrées de Frankonie dans l’insécurité. Bien que nos souverains se soient évertués à assimiler les nouvelles populations et leurs identités propres, le salamisme, mouvance radicale du musolisme, s’est peu à peu imposée aux nouveaux venus. Dans nos villes, des ghettos contrôlés par des prêcheurs salamistes forment des guériédines qui préparent une insurrection dans la région lardennoise. Heureusement, l’armée veille.
Est-ce le prochain épisode des « Hunger Games » ? Ou le scénario faiblard d’un wargame ? Le pitch d’un « harlem shake » militaire déjà ringard ? Vous n’y êtes pas ! C’est le briefing donné aux militaires sur « l’ennemi du jour » dans un exercice militaire réalisé en juin 2012 dans la région de Bouillon. « Crack’Hure », c’est le nom donné à l’exercice. D’habitude, la Grande Muette ne communique pas sur ses scénarios d’exercice, par mesure de sécurité. On sait seulement que, s’ils nécessitent une cible claire définie comme ennemi, celle-ci doit en principe être purement fictive et n’être liée ni à des sujets d’actualité ni à des références politiques.
Le moins que l’on puisse dire à cet égard, c’est que l’imagination des militaires chargés du scénario était particulièrement courte. Une paresse qu’on cherchera sans doute à habiller d’humour second degré. Il n’empêche, d’autres y ont vu un dérapage, stigmatisant les Musulmans de Belgique. Au point de faire « fuiter » le scénario, en principe top secret, mais qui a néanmoins atterri sur les bureaux de la rédaction de Sud-Presse, qui s’en est fait l’écho. [ref]« Un exercice antimusulman à l’armée belge! », Sud-Presse, 27 novembre 2013.[/ref] Le scénario, une trentaine de pages quand même, en rajoute une couche, bien grasse. L’invasion musoliste en Frankonie a été rendue possible par un ennemi intérieur, basé dans « les écoles salamistes de Shahar El Beek, Char El Roy et Marche El Famenn ». Pour les bidasses un peu dur de la feuille qui n’auraient toujours pas compris, une photo de Fouad Belkacem était jointe au dossier.
Servitudes et petitesses militaires
Certes, il ne faut pas trop demander d’esprit d’abstraction à nos soldats, leurs exercices doivent coller un chouia à la réalité, sinon ils seraient un peu perdus. Et puis, se lâcher dans un scénario ne fait-il pas partie de ces petits moments de détente qui permettent de décompresser un peu entre camarade dans des chambrées où règnent trop souvent un ennui mortel ? Le politiquement correct, c’est bon pour les civils. Ceux-ci sont bien contents de pouvoir compter, pour leur sécurité, sur un corps d’élite aussi inspiré. Imaginez un peu que des salamistes fassent un peu trop de foin à Farciennes ou à la place de la Duchesse. On envoie les chasseurs ardennais ! Bon, c’est vrai, ce n’est pas courant d’envoyer l’armée pour régler son compte à l’ennemi intérieur. Mais c’est déjà arrivé. [ref]Jean Peltier le rappelle dans « Avanti » (28 novembre 2013): « On peut dès lors imaginer quel serait l’état d’esprit de ces mêmes militaires s’ils étaient impliqués dans des opérations de maintien de l‘ordre en Belgique. Ce n’est certes pas fréquent mais ce n’est pas non plus une vue de l’esprit : l’armée a été déployée dans le pays lors de la Grande Grève de l’hiver 60-61 quand la docilité de la police ne semblait plus garantie aux yeux des autorités ; l’armée a aussi été utilisée pour briser une grève d’éboueurs dans les années ’80. (…) Et enfin on serait bien étonné que les auteurs d’un scénario aussi réfléchi et détaillé aient réservé celui-ci à une centaine de Chasseurs ardennais avant de le remiser au fond d’un tiroir. Et qu’ils ne l’aient pas fait circuler auprès de leurs amis dans divers postes de la police fédérale et communale – là où les « forces de l’ordre » sont en contact quotidien dans les « territoires conquis » et autres « ghettos contrôlés » avec des « salamistes » de tout poil. »[/ref]
Ces manœuvres inspirées sont en tous cas propices à l’accomplissement de missions dans des pays où sévissent encore moult musolistes et autres arkbares, comme en Afghanistan par exemple. Elles rappellent un peu les géniales instructions de John Cleese dans « Auto-défense contre fruits frais » [ref]Monty Python’s Flying Circus, saison 1, épisode 4, BBC, 1969.[/ref], dont le visionnage ne peut que constituer un complément utile au scénario à la graisse d’urus qui a servi de base à leurs manœuvres. Car l’ennemi salamiste est retors et n’agit jamais à découvert, il n’hésitera pas une seconde à user de bananes.