Prédire le futur reste peut-être un des plus sûrs moyens de pouvoir prendre ses désirs pour la réalité.
Le présent, de ce point de vue, offre trop peu de perspectives. Pourtant, tout continue de se jouer dans la situation actuelle, car si gouverner c’est prévoir, on ne peut pas donner à n’importe qui la légitimité de s’adonner à la prospective sans risquer de générer du désordre. Non, impossible : il faut limiter le cercle des personnes capables de faire des conjectures. Soyons sérieux ! Il faut donc être autorisé à dessiner les contours du monde de demain.
Récemment, deux des principaux dirigeants de Google ont écrit un livre dont la traduction française a été judicieusement intitulée : « A nous d’écrire l’avenir ». Comment voir ce « nous » sans se souvenir des romans cyberpunks des années 80’, où les gouvernements n’exercent plus le pouvoir politique, prérogative incombant désormais aux entreprises à l’influence planétaire ? Car si gouverner c’est prévoir, ça ne signifie pas tant deviner que façonner le monde de demain. Une tâche éminemment stratégique qui, à l’ère digitale, ne semble plus pouvoir s’effectuer sans les géants de l’industrie high-tech et informationnelle.
Les maîtres de la net economy ont-ils gagné cet immense pouvoir en conquérant les réseaux numériques, grande réserve de promesses et d’espoirs ? Et s’ils tiraient plutôt leur autorité d’une capacité à construire le web comme un territoire mythique ? Car si gouverner c’est prévoir, prévoir consiste d’avantage à scénariser le futur qu’à le calculer.
L’utopie s’impose, aujourd’hui encore, comme l’outil avec lequel on peut bâtir des empires. Rien de bien nouveau, direz-vous. Sauf qu’aujourd’hui, cette machine à produire le futur semble être totalement passée sous le contrôle de ceux qui règnent déjà. Aux positions antagonistes, autrefois grandes conceptrices de lendemains qui chantent, il ne resterait guère qu’une râlerie dystopique pour envisager le monde à venir. Or, si le rêve fonctionne comme un moteur, on n’a jamais pu en dire autant des cauchemars – aussi empreints de lucidité soient-ils.
L’humanité, augmentée, découvre dans le mystérieux Big Data une forme de gouvernementalité sans contestation envisageable, faute d’événements possibles. Dans ce monde-là, il n’y a plus de surprise et les drones remplacent la police. Cet avenir-là apparaît d’autant plus envisageable qu’il se présente comme une inéluctable réponse à nos désirs – en l’occurrence, les plus fous.
Sans modifier la composition du « nous » apte à le raconter, No Future.
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