M’enfin #5

23 octobre 2015

M’enfin qu’est-ce que c’est que cette interview du Président de la FGTB Liège-Huy-Waremme, accordée à La Meuse ?

On l’avait pourtant écrit ici pas plus tard que mardi (lendemain de grève générale) : continuer de croire qu’on fait une communication efficace en allant parler aux journaux du groupe Sud Presse, sous prétexte que ce sont les plus « populaires », quand on est un responsable syndical, dans le contexte actuel, c’est se faire hara-kiri !

Francis Gomez ne lit pas l’Entonnoir, il n’a pas été prévenu et voilà ce qui arrive. Alors nous allons encore ré-expliquer comment ça marche (au cas où quelqu’un le connaissant lirait ce qui suit et pourrait le lui raconter) : le truc, c’est que, contrairement à ce que disent souvent certains profs, il y a des bêtes questions. Un des principaux jobs du régime médiatique consiste même à en produire en quantité industrielle et à les utiliser pour faire de nous des rats piégés. Chaque jour, il remplace un problème foireux par un autre tout aussi inintéressant. Et il nous oblige à nous positionner par rapport à eux.

Dans certains cas, l’enjeu est tel qu’il y consacre la semaine – comme ils le font pour l’instant avec le droit de grève et les syndicats.

Francis si tu lis ces lignes, on voudrait simplement te dire ceci : on n’en a rien à foutre de dire la vérité quand on nous pose une bête question, ce qui compte, c’est de savoir si elle est ou pas intéressante pour nous, si elle a de l’importance de notre point de vue. Et les questions de La Meuse, de Béatrice Delvaux ou de Benjamin Maréchal sur Vivacité, la seule chose que ça nous inspire c’est : on préférerait ne pas y répondre. Elle sont nulles, on ne peut rien penser avec des affaires pareilles – croire qu’on doit y répondre serait pire que de perdre notre temps, ce serait participer à la pollution nos cerveaux.

Il y a des débats débiles dans lesquels le silence apparaît comme la seule stratégie possible. Gilles Deleuze a un jour dit ceci : « Les forces les plus démoniaques, les forces sociales les plus diaboliques sont les forces qui nous sollicitent de nous exprimer. C’est ça les forces dangereuses. Considérez la télé, elle ne nous dit pas : Tais-toi! Elle nous dit tout le temps : Quel est ton avis? Quel est votre avis? Il faut arriver à résister à ces forces qui nous forcent à parler quand on n’a rien à dire. C’est fondamental ». Quand on tombe sur La Meuse d’aujourd’hui, on se dit que c’est quand même loin d’être stupide comme réflexion, non ?

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