Alors que Liège ne sait plus où donner de la tête avec le Liège Web Fest, le BAM festival et bientôt the Wrong, je me suis donné pour mission d’avoir un aperçu de ce que Paris avait à offrir. Un des lieux incontournables que je ne pouvais manquer de visiter, c’est bien sûr la Gaîté Lyrique, dans le 3e arrondissement (quand on vit à Paris, on précise toujours même si on ne sait jamais le placer sur une carte).
Depuis 2011, ce lieu explore les cultures numériques : concerts, expositions, ateliers, conférences, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges, pour les érudits comme pour les néophytes. C’est là qu’avait justement lieu le festival #IloveTransmedia (du 1er au 4 octobre 2015) célébrant 10 ans de webcréation ! Au premier étage, dix grands panneaux tendus du sol au plafond correspondaient à chaque année, traçant un parcours ponctué de tables sur lesquelles les visiteurs pouvaient s’installer à un ordinateur et consulter certaines œuvres marquantes. En fin de parcours, en l’an 2015, le visiteur pouvait tester la révolution de l’année : le casque Oculus Rift de réalité virtuelle ! (Que j’avais déjà essayé lors de mon passage à l’exposition Game of Thrones)
« Notre intérêt ici se porte sur des œuvres qui renouvellent les écritures audiovisuelles en se basant sur des procédés narratifs qui intègrent les spécificités de l’Internet, comme l’interactivité. »
Chaque projet retenu pour l’événement opère une évolution ou une rupture dans la création sur le web tant dans sa forme que dans les moyens et outils de diffusion utilisés : tablette, smartphone, ordinateur, casque de réalité virtuelle…
Après avoir fait un rapide tour de l’exposition (pourquoi m’attarder alors que je peux tranquillement les découvrir confortablement installée dans mon canapé), je me suis rendue à la table ronde intitulée : « 10 ans de webcréation : l’émergence d’une forme ? »
Je compte cinq hommes et deux femmes dans le panel. Soit, pour la parité ce n’est pas encore gagné.
Autour de la table: @ronez @Dominiquew @moreaul @casparsonnen @cavarocv @MarianneLevyL & Boris Razon > la crème de la crème #ilovetransmedia
— I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
« 2008, un moment unique où s’assemble toutes les innovations: créatives, financières, contractuelles, techniques… » @ronez #ilovetransmedia — I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
#ilovetransmedia Gaza/Sderot s’est retrouvé sur le web parce que refusé pour la TV http://t.co/UFjX3F79Vz et c’est parti pr l’ #innovation
— entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
[À RELIRE] Qu’est-ce que le transmédia ? >> http://t.co/AWP9iWlY4x @blogdocs @gaitelyrique #ilovetransmedia pic.twitter.com/rT7xw5hr4r — InaGlobal (@InaGlobal) October 1, 2015
#ilovetransmedia Arte, Canal, France TV, Scam : la webcréation semble bien issue du monde de la TV. Là où y’avait l’argent.
— entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
« Même avec 400 000 € (le budget de Prison Valley) on ne peut pas concurrence le jeu vidéo » rappelle @ronez #ilovetransmedia — I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
@ronez si si on peut hacker le linéaire et faire un jeu vidéo ac rien : on l’a fait ! http://t.co/TJEJVG4xme #construct2 #ilovetransmedia
— entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
Après un petit retour sur les débuts du webdocumentaire, largement supportés par les chaînes de télévision qui en avaient les moyens, la discussion dérive sur des questions de vocabulaire. Faut-il dire webdocumentaire plutôt que webcréation ? Et si on parlait plutôt de transmédia ? Grosse fatigue dans la salle, parmi les invités comme pour le public.
« On va enterrer le mot webdocumentaire aujourd’hui » annonce @blogdocs avec grandiloquence ! #ilovetransmedia — I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
#ilovetransmedia webcréation : une création, sur le web. webdocumentaire : un documentaire, sur le web. Des trucs sur le web, quoi.
— entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
ok pour ne plus parler de webdoc, mais le panel #ilovetransmedia reste focalisé sur les productions web liées au journalisme. — entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
#ilovetransmedia les institutions sont bien représentées mais où sont les producteurs indépendants ? Les bidouilleurs ? Les hackers ?
— entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
Entre Arte, la Scam et France télévisions, la réflexion semble s’être bloquée sur une question : comment faire de la télé sur internet ? Je m’étonne que personne parmi les invités ne s’insurge : m’enfin ! La télévision et l’internet n’appartiennent pas au même monde ! Ni en termes de production, ni en termes d’usage, encore moins en termes de diffusion.
« Plus les oeuvres numériques sont compliquées, plus c’est compliqué de faire venir les gens dessus » @Dominiquew #ilovetransmedia — I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
Confirmation par Médiamétrie en 2014 : http://t.co/I6ApvgTEY4 #ilovetransmedia #YouTube https://t.co/MlP9ywRYpX
— Rémi Bonnaud (@RemBonnaud) October 1, 2015
#ilovetransmedia attention à ne pas confondre audience TV et audience web ! TV = téléspectateur passif // Web = internaute actif — entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
« Avec une exposition de la webcréation, pour moi c’est comme quand le streetart arrive au musée » @cavarocv #ilovetransmedia
— I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
Il faut réfléchir aux nouvelles formes de diffusion & aux lieux où se trouvent les auteurs de demain –> à #ilovetransmedia par exemple ?! — I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
« Attention à ne pas s’enfermer dans l’obligation de faire de l’interactif » rappelle @Dominiquew #ilovetransmedia
— I LOVE TRANSMEDIA (@ilovetransmedia) October 1, 2015
#ilovetransmedia certains invités oublient complètement le côté expérimental sur le web, la bidouille, la culture de l’échec et du partage ! — entonnoir (@_entonnoir) October 1, 2015
Le pari était risqué de réduire dix ans de créations sur le web en douze œuvres. Il n’est pas complètement perdu. Sans doute aurait-on gagné à promouvoir, aux côtés de ces productions magistrales (au niveau de la technique, du contenu, de l’innovation), des expérimentations peut-être moins connues du public, celles qui se créent et existent en-dehors des circuits « traditionnels », non financées par les grandes institutions. Quand est-ce que ces œuvres-là auront-elles leur place dans le débat sur la « culture numérique » ?