Une petite clarification s’impose

Puisque nous avons été impliqués bien malgré nous dans la fabrication de l’article « Esprit Standard, es-tu là ? », publié dans le dernier numéro de Foot Magazine, on va se permettre de donner notre avis sur le texte.

18 février 2017

Parce que, à la rédaction du C4, on est plutôt sympas et accueillants, il arrive que des gens abusent de notre hospitalité. C’est ce qui s’est produit il y a peu, quand un scribouillard s’est « infiltré » au sein de la petite famille porteuse du projet « Supporter, pas dupe » pour rédiger un article qui nous reste, il faut bien l’avouer, un peu en travers de la gorge. Les informations ont été distillées au compte-goutte, et le contexte n’était pas clair. Au final, on s’est sentis floué. Et au-delà du sentiment de trahison, nous devons bien reconnaitre être surtout emmerdés pour les personnes associées à ce projet et qui se sont retrouvées, bien malgré elles, associées à l’article en question alors qu’elles nous faisaient confiance. Pas qu’il y ait mort d’homme, mais pour nous, la politesse et le savoir-vivre ne sont pas des mots vides de sens. Alors, afin d’éviter les malentendus, nous allons faire le tour de la question, et nous vous prions d’ores et déjà de nous pardonner si ce texte vous semble incroyablement long et obscur… *

Puisque nous avons été impliqués bien malgré nous dans la fabrication de l’article « Esprit Standard, es-tu là ? » publié dans le dernier numéro de Foot Magazine, nous allons nous permettre de donner notre avis sur le texte.

Il faut d’abord qu’on vous précise que, pour nous, à la rédaction de C4, le processus est aussi important que le produit fini – voire plus. Être attentifs à la manière de faire les choses, c’est ce qui permet, notamment, que les gens impliqués dans la rédaction d’un texte puissent donner leur avis avant la parution de celui-ci, et pas après. C’est un truc tout bête, mais ça donne confiance aux personnes avec lesquelles nous collaborons, ça leur permet de comprendre que leurs problèmes, nous en parlons parce qu’ils nous intéressent vraiment. Et en plus, ça nous aide à mieux comprendre le contexte dans lequel les témoins nous ont parlé, ça permet d’aller plus en profondeur. Bref, un petit feedback et tout le monde est content, personne n’a l’impression de se faire arnaquer, et la confiance règne.

Si l’on prend le cas du texte paru dans Foot Magazine, et bien le mec qui l’a écrit, il ne l’a fait relire à aucune des personnes citées. Encore plus fort, le gars nomme le projet « Supporter, pas dupe » comme le lieu où il est allé à la pêche aux sources, mais il n’a jamais mentionné à ceux qui en sont les porteurs qu’il était venu pour prendre des notes ou réaliser des interviews. Au cours des premiers contacts qu’il a eus avec notre rédaction, il n’a même pas jugé bon de nous signaler immédiatement qu’il avait une activité de journaliste. Pourtant, quand on lit son article, c’est clair que c’est en venant nous voir au Festival de Liège qu’il a collecté la plupart des informations sur lesquelles il s’est basé pour écrire son article. Nous, à sa place, invités par une équipe comme la nôtre, nous aurions demandé à celle-ci : « Dites les gars, je vais faire un papier sur le sujet, vous en pensez quoi ? ». C’est une question de style – et à C4, on a l’habitude de rigoler de tout, sauf des questions de style.

Alors ok, d’après nos informations, la personne qui a rédigé l’article a dit aux gens avec qui il a parlé, individuellement, qu’il voulait écrire un truc sur « l’ambiance à Sclessin ». Mais encore une fois, nous n’aimons pas travailler comme ça, nous avons énormément de respect pour les collectifs parce que nous savons que ça protège, que ça permet de mieux penser. Alors en règle générale, on va éviter de pointer le bout de notre nez dans un projet mené en équipe, puis d’isoler l’une ou l’autre personne pour recueillir sa parole sans avoir préalablement expliqué clairement à tout le monde ce qu’on foutait là. C’est un autre petit truc tout bête qui nous tient à coeur pour permettre aux groupes avec lesquels nous travaillons de pouvoir réfléchir ensemble, d’évaluer la situation à plusieurs et d’éviter les pièges qui peuvent parfois être tendus par inadvertance. Ah et puis, on l’a déjà dit, mais on le redit encore : ce qu’on ne fait jamais, quand on intervient sur un terrain délicat, c’est de retourner bosser dans notre bureau ni vu ni connu sans revenir vers les gens avec qui on a causé et qui nous ont confiés leurs histoires – sauf si on n’en a rien à foutre des conséquences (ce qui peut nous arriver mais dans ce cas, les gens dont on parle, ce ne sont pas nos potes).

Bon, évidemment, travailler comme cela, ça prend du temps. Et puis, ça ne nous a jamais permis de sortir le moindre scoop. Et très sincèrement, on n’en a rien à faire parce que pour nous, à C4, faire une revue, c’est d’abord une question de savoir-vivre et après – seulement après – une question de ventes. Quant au succès, on pourrait le mesurer simplement au nombres d’exemplaires écoulés en kiosque. Nous, on préfère l’évaluer au nombre de personnes avec qui nous avons travaillé récemment et qui restent nos potes, des gens sur qui nous avons encore la possibilité de compter aujourd’hui et dont nous savons que nous pouvons toujours les appeler pour un conseil…

Bref, on ne l’a pas du tout aimé, cet article. Ce n’est pas une question de fond. Bon, à ce niveau-là, il faut bien avouer que nous n’avons pas appris grand-chose, mais de toute façon, le problème n’est pas là : le problème, c’est que ce texte a vraiment été mal foutu. Et ça nous emmerde pas mal qu’il donne l’impression que « Supporter, pas dupe », c’est un projet qui a pour objectif de permettre la rencontre improbable entre des Ultras et des journalistes pour produire des couvertures incendiaires qui permettront d’augmenter les ventes d’un magazine en détresse. Ça nous emmerde parce qu’en fait, ce projet a pour objectif justement tout le contraire de ce qui s’est passé : il s’agit de rendre à un groupe (en l’occurrence de supporters) une capacité de prendre la parole pour raconter son expérience comme il l’entend – précisément comme il l’entend. On participe à un projet pareil parce que les experts, les vrais, ce sont ceux qui vivent les expériences, pas ceux qui se limitent à les commenter. Du coup, que quelqu’un vienne se servir d’un travail pareil pour s’approprier, confisquer, voire un peu voler à la sauvette des propos des membres de l’équipe porteuse, ça aurait presque un côté un peu désespérant, et comme vous avez pu le comprendre à la lecture de ce droit de réponse, nous nous situons à l’exact opposé de telles pratiques.

Mais voilà, on ne va pas se laisser abattre. On est plutôt du genre accueillant. Encore une fois, question de style. Et quand quelqu’un vient nous voir en nous disant que les questions sur lesquelles nous travaillons avec un groupe l’intéressent, nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas nous empêcher de lui ouvrir les portes. Nous refusons de voir le mal partout, ça nous déprimerait. nous gardons cette impression qu’en étant sympas avec les gens, ils seront francs avec nous. La plupart du temps, ça marche, alors nous n’allons certainement pas changer d’attitude parce que de temps en temps, un type que nous avons laissé rentrer en a profité pour vider le frigo, pour vomir dans le lavabo, pour pisser dans nos plantes vertes ou pour nous piquer un bonne bouteille de whisky.

 

 

La rédaction de C4

 

* Nous présentons nos excuses à celles et ceux qui n’ont pas lu l’article « incriminé » et seraient un peu décontenancés par cette tribune : les lignes qui suivent pourront leur sembler parfois obscures, mais, bien qu’elles s’adressent essentiellement à celles et ceux qui sont tombé-e-s sur l’article en question et se seraient demandé à quoi on avait bien pu jouer, elles rappellent également comment nous travaillons à la rédaction de C4. Ici, on aime les gens, et la plupart du temps, ils nous le rendent bien. Parfois, on tombe sur un grossier merle, ou tout du moins quelqu’un dont les pratiques s’éloignent des nôtres. C’est ce qui s’est passé, mais rassurez-vous : on aime toujours autant les gens, et notre porte reste ouverte !

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