Croisière toxique : Dernière édition

Retour sur la genèse des Croisières Toxiques à l’occasion de la dernière édition du 26 octobre 2019.

24 octobre 2019

En novembre 2016 sortait aux éditions Zones sensibles le livre « Brouillards Toxiques – Vallée de la Meuse, 1930, contre-enquête » d’Alexis Zimmer.

Brouillards Toxiques est une enquête qui démarre comme un polar: En décembre 1930, un brouillard épais se répand dans la vallée de la Meuse, non loin de Liège. Hommes et bêtes sont profondément affectés, nombreux y laissent leur vie. Après sa dissipation, des experts tranchent : « le seul brouillard » est responsable. Pourtant nombreux sont ceux incriminant les émanations des usines de la région, l’une des plus industrialisées d’Europe. Un an plus tard, des experts du parquet rendent d’autres conclusions : la consommation massive du charbon et les composés soufrés des émanations industrielles sont responsables. L’exceptionnalité de l’événement est cependant attribuée à la prédisposition des corps et aux conditions météorologiques particulières de cette première semaine de décembre 1930. Mais comment du « charbon » en vient-il à participer à la production de brouillards et à rejoindre ainsi, jusqu’à tuer, les poumons de ceux qui l’ont respiré ? Ces liens « charbon-brouillards toxiques-poumons » n’ont rien d’évident. C’est à tenter de reconstituer les conditions historiques de leurs constructions que ce livre s’attache. Le décor est planté. Et il ne laisse pas indifférent. Quelques passionnés de l’histoire industrielle de la région liégeoise ont une idée derrière la tête.

C’est tout naturellement à Liège, à la librairie Livre aux Trésors, qu’une première présentation publique à lieu. Dans la foulée, l’activiste et universitaire François Thoreau imagine une croisière-conférence sur la Meuse. Cette conférence ne parlerait pas spécialement du livre, mais se nourrirait des thématiques qui y sont déployées pour ainsi développer un propos plus large autour de l’histoire conflictuelle de l’industrialisation dans la vallée mosane. Pour cela, le chercheur s’entoure d’Alexis Zimmer, évidemment, mais aussi d’Anne Stelmes de la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège (MMIL) et d’Arnaud Péters du Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques (CHST), entre autres pour son expertise sur la pollution. François Thoreau frappera ensuite à la porte des asbl D’une Certaine Gaieté et Barricade  pour leur capacité en terme d’organisation événementielle, mais également parce que la thématique fait écho à leurs préoccupations éditoriales.  Ecoutons de ce pas le capitaine du bateau accueillir le public((D’autres podcasts sont disponible ici)).

 

La première Croisière Toxique, le 10 novembre 2016, est un franc succès, avec plus d’une centaine de personnes présentes. Les orateurs ont trouvé en ce dispositif un moyen d’exposer leur propos, mis en valeur par un décor incroyable. Public et intervenants sont ravis, le bouche à oreille fonctionne bien, et l’idée d’une deuxième, puis d’une troisième, quatrième… croisière s’impose. Dès la deuxième édition, une brochure contenant des repères historiques des quartiers et zones traversées est publiée et distribuée.
Jusqu’à cette 8ème édition, le 26 octobre 2019.

 

 

Clap de fin?

Même si nous, en tant que collectif porteur des croisières toxiques, ne fermons pas complètement la porte à l’idée d’en organiser d’autres, la conférence telle qu’elle a été conçue pour la première édition n’a pas fondamentalement changé, et nous n’avons pas envie de tomber dans le travers du « guide touristique ». Et s’il ne s’agit pas de tomber dans le guide touristique, le public n’est pas extensible non plus.

Différentes pistes ont été évoquées en interne pour faire évoluer le projet, comme par exemple de prolonger la croisière jusqu’à Engis, zone non-explorée jusqu’à présent, alors que c’est là que démarre le livre « Brouillards Toxiques ». Nous avons d’ailleurs noué des liens avec le Centre culturel d’Engis où l’on pourrait envisager de débarquer pour l’un ou l’autre événement. On peut aussi imaginer des « balades toxiques » pour pénétrer à l’intérieur des terres – et, accessoirement, alléger la logistique, parce que la gestion et le coût d’un bateau, c’est quand même quelque chose ! Sans l’aide du Fonds Wernaers et les subsides de l’Éducation permanente, il nous aurait été difficile d’organiser ces croisières en gardant un prix d’entrée très démocratique, car cela ne nous intéresse pas de raconter notre histoire industrielle aux seuls nantis. En tout cas, l’aventure pourrait continuer…
D’ici-là, le navire se reposera en cale sèche.

Ahoy mates!

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